Brasiers.



"Je vais faire comme si j'étais à un festin. Je vais me lancer dans une ronde autour de ta tête jusqu'à en tomber privée de la vie. Je vais danser pour les funérailles des choses qui moururent quand mourut ta vie. Vois, je vais donner un ballet sous le clair de lune, pour que tout soit dit."
F. Pessoa
La mort du prince

Et le maître disait : tu dois mépriser la douleur du corps et tirer des délices pour les hommes mortels des harmonies des douleurs de l'âme : comme le peintre sait rendre tous les infinis ors des cieux, ainsi le poète use de sa douleur comme d'une lyre, et distingue la nostalgie du ciel de la nostalgie commune de la cheminée du foyer, la tristesse à pleurer de la colère qui se mêle de larmes de l'homme qui va se venger dans les Trois Mondes. Et le poète est ceci : le vengeur gai de la grande douleur de l'Eden, celui qui de la terre et des larmes, de la sueur et de la morsure du Serpent fait le gai savoir par l'effet mêlé de la vengeance et du souvenir. En cela il est le frère du Gardien de la Terre Sainte, et chante autour de ses feux, et chante sur ses armes noyées du sang de l'ennemi. 

Chante, ô poète, au dessus des brasiers, que tes mots soient le parfum qui réveillera les dieux d'avant !

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Nu

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Zinaida Serebriakova