L'alliance du Prince et du Sage .

(thanks to Jaya Suberg on FB)


Parmi les voies de la transformation, nous avons vu les disciplines de l'âme et du corps, et la lecture comme voie divine, comme l'acte de boire la rosée céleste sur les pétales des fleurs des prophètes . Il importe d'abord de savoir se mettre en posture de serviteur du texte, et non en position de maître ; de ne pas clore la spirale des interprétations par les bornes de l'ego . C'était l'objet de la lectio divina – l'ouverture du feu dans le bois mort de l'âme .

Les textes vers lesquels tu te penches, mon ami, sont les bassins sacrés des dieux, les bassins de fontaines perdues dans les dédales des forêts, quand tu découvres que toutes les fontaines sont unes et même, et que c'est la multitude indéfinie des errances qui fait la multitudes des perspectives sur la source de toute vie .

Il est un autre point fondamental de toute lecture d'enseignement . En Matières Occultes tout ce qui peut être dit par une Histoire – par l'Histoire sainte – peut être dit par les Éléments et leurs mélanges, par les Signes, par une Ontologie – par le savoir des hiérarchies célestes – ou par Images naturelles, ou produites par les arts par ce qui est dans l'homme et par ce qui est hors de l'homme – dans le microcosme ou le macrocosme - à la mesure de la clarté du Miroir – à la mesure de la qualité du disciple .

Si tu lis dans le chapitre VI de la Genèse : lorsque les hommes commencèrent à être nombreux sur la surface de la Terre, et qu'il leur fut né des filles, les fils de Dieu (Anges de Dieu, Nephilim) virent que les filles des hommes étaient belles, et ils les prirent pour femmes parmi toutes celles qui leur plurent...

Tu dois comprendre avec justice que de tels êtres sont descendus, très anciennement, du Ciel sur la Terre ; mais tu dois aussi comprendre que le monde est une tension d'arc entre la Terre et le Ciel, entre l'avidité et la Splendeur, entre l'aspiration et l'expiration . Et que les Nephilim sont en toi, comme des puissances du siècle qui se voient au miroir de la splendeur de la chair – que le choix des Néphilim qui quittèrent le Ciel pour la beauté des femmes des hommes est encore en puissance dans les puissances de ton âme . Car l'âme, dit Aristote, est en quelque sorte toutes choses .

Les disciples d'Hermès, les hommes du Cercle, accomplissent le choix des Nephilim, en choisissant les filles des hommes, les splendeurs de la Terre pour ré-sister, c'est à dire être à nouveau, accomplir le renouvellements, ou révolutions, du cercle, et miroir de l'Un . Pour être comme père et créateurs, venus féconder la terre de la sève des mondes . Sa force ou puissance est entière, VI si elle est convertie en Terre .

I . Il est vrai, sans mensonge, certain et très véritable .
II . Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut et comme ce qui en bas, pour faire les miracles d'une seule chose .
III . Et comme toutes les choses ont été, et sont venues d'Un, par la méditation d'Un, ainsi toutes les choses ont été nées de cette chose unique, par adaptation .
IV . Le Soleil en est le père, la Lune est sa mère, le Vent l'a porté dans son ventre, la Terre est sa nourrice .
V . le père de tout le Telesme de tout le monde est ici . Sa force ou puissance est entière,
VI . si elle est convertie en Terre .
VII . Tu sépareras la Terre du Feu, le subtil de l'épais, doucement, avec grande industrie .
VIII . Il monte de la Terre au Ciel, et derechef il descend en Terre et il reçoit la force des choses supérieures et inférieures . Tu auras par ce moyen la gloire de tout le monde ; et pour cela toute obscurité s'enfuira de toi .
IX . C'est la force forte de toute force : car elle vaincra toute chose subtile, et pénétra toute chose solide .
X . Ainsi le monde a été crée
XI . De ceci seront et sortiront d'admirables adaptations, desquelles le moyen en est ici .
XII . C'est pourquoi j'ai été appelé Hermès Trismégiste, ayant les trois parties de la philosophie de toute le monde . Ce que j'ai dit de l'opération du Soleil est accompli, et parachevé
.

Ou encore, si tu lis chez le barde gallois Taliésin le chant des ses transformations :

Je suis ce que j’ai été, ce que je suis et ce que je serai.
J’ai revêtu une multitude d’aspects avant d’acquérir ma forme définitive
Il m’en souvient très clairement.
J’ai été une lance étroite et dorée
J'ai été une goutte de pluie dans les airs,
J'ai été la plus profonde des étoiles,
J'ai été mot parmi les lettres,
J'ai été livre dans l’origine,
J'ai été lumière de la lampe,
J'ai été chemin, j’ai été aigle,
J'ai été bateau de pêcheur sur la mer,
J'ai été goutte de l’averse,
J'ai été une épée dans l’étreinte des mains,
J'ai été bouclier dans la bataille,
J'ai été corde d’une harpe,
J'ai été éponge dans les eaux et dans l’écume,
J’ai été arbre dans les forêts.
Et puis, quand les temps sont venus, j’ai été le héros des prairies sanglantes, au milieu de cent chefs.
Rouge est la pierre qui orne ma ceinture et mon bouclier est bordé d’or. Longs et blancs sont mes doigts. Il y a longtemps que j’étais pasteur sur la montagne. J’ai erré longtemps sur la terre avant d’être habile dans les sciences


Tu ne dois pas manquer d'écouter le premier vers : ce chant est une histoire, le récit d'un état de transformations, une ontologie, une liste d'objets, une série d'images des mondes, une série de symboles . Un ensemble qui ne se comprend bien que par les états multiples de l'être . Mais il est aussi un temps qui récapitule tous les temps, une identité des identités, comme il est un baiser des baisers selon le Cantique des Cantiques : Je suis ce que j’ai été, ce que je suis et ce que je serai .

Et ce temps des temps s'explique de son enroulement occulte, comme le serpent caché sous la pierre qui se déroule au soleil, lors du Kairos, dans le cas présent pour un être porteur du rouge de la puissance royale : quand les temps sont venus j’ai été le héros des prairies sanglantes, au milieu de cent chefs .

Le récit de la transmigration des âmes est aussi un éternel présent . Tant que le passé reste le passé, il est lointain, mémoire, cendres inaccessibles et mortes . Et il n'est pas possible de partir vers de lointains pays pour le retrouver . Mais l'Éden, le Royaume sont là, toujours déjà présents, voilés par les voiles de l'âme et du sanctuaire . L'Éden est l'essence de la puissance des mondes, la lumière de toute Splendeur . Tu auras par ce moyen la gloire de tout le monde ; et pour cela toute obscurité s'enfuira de toi . IX . C'est la force forte de toute force :

C'est là le symbole du cristal de la pierre, Rebis, taillée d'une indéfinité de facettes brillantes, ou de la perle luminescente . L'image du centre est l'image lumineuse d'une indéfinité de mondes réduits dans le point de la pierre, l'oeuf du monde, la lumière des lumières . Et ce lieu de réunion des rayons est aussi une implication de terre sainte, et une promesse de mondes, un embryon . III . Et comme toutes les choses ont été, et sont venues d'Un, par la méditation d'Un, ainsi toutes les choses ont été nées de cette chose unique, par adaptation .

La rosée de l'aurore qui se parfume de la rose, la montée des parfums végétaux, le sperme et la cyprine dans l'amour, la sève et le souffle des baisers, les larmes des hommes sur les poèmes ou sur les enfants, sont le renouvellement des perles, sont la liquéfaction de la pierre . La rosée est l'image du déversement de la bienveillance du centre sur le monde – la détente du monde après la pluie d'orage, l'écoulement des quatre fleuves de l'Éden dans le jardin . Le don des larmes est la liquéfaction du coeur trop dur accordée par la grâce . Par l'amour des mondes, les poètes chantent les enfants et les femmes, comme les perles, les pierres et les fleurs, les printemps et les aurores, l'écoulement du temps et des fleuves .

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
...

En écoutant le récit de l'Histoire sainte, le récit de l'écoulement des fleuves, tu dois comprendre qu'il est le récit de ton âme, l'histoire de ton âme ; et en regardant le miroir d'une âme chez Marguerite Porète, le miroir des âmes simples et anéanties, qui commence d'ailleurs par l'histoire d'un prince, tu dois comprendre que tu te penches vers l'Histoire Sainte, vers l'écoulement des grâces par les canaux des mondes, vers ce qui demeure dans l'écoulement des jours .

Car si les amours s'en vont, l'amour, lui, est éternellement vivant, est éternellement la vie du vivant des premiers cercles . Il est cela qui fait mouvoir la lune et les autres étoiles, et la parole du Rishi de l'Inde doit être dite de lui : tu es aussi cela .

Joseph Gikatila dit :

Sache que celui qui connaît le secret des échelons supérieurs et l'émanation des sephirot, selon le secret de l'épanchant et du recevant, selon le secret du ciel et de la terre et de la terre et du ciel, connaîtra les secrets du lien de toutes les sephirot et le secret de toutes les créations de toutes les créations de l'univers : comment les unes reçoivent des autres et se nourrissent les unes aux autres . Toutes reçoivent puissance émanative, alimentation, subsistance, et vitalité de la part du Nom, béni soit-il . Celui qui connait cette voie connaîtra comment est grande la puissance de l'homme soit qu'il accomplit les (…) commandements, réparant ainsi les canaux en tout épanchant et recevant soit qu'il endommage les canaux et interrompt les influx . (…) (Le premier est appelé) le juste, et le juste est le fondement du monde .

Aussi si tu comprends que tout texte parle de toi, tu n'as pas tort, si tu comprends que ce toi n'est pas le récit de l'ego conditionné ; et si tu comprends que tout texte parle de ton ego, alors tu n'as pas compris le mot « toi »tel qu'il est employé dans cette phrase .

Je donne un exemple . Penche toi et écoute dans ton cœur . Telle fut l'histoire d'un grand Prince, Gengis Khan, prince des Mongols au nom du Ciel éternel . Cet homme avait alors unifié les mongols, et conquis l'immensité de la Sibérie, de la Chine, de l'Himalaya jusqu'aux portes de l'Europe, et se trouvait dans la région de l'Aral .


***


Le khan, le chef suprême des Mongols au nom du Tängri, le Ciel bleu éternel, pensait à sa mort en marchant vers l'Occident, dans un Empire qu'une année à cheval ne pouvait parcourir . Dès 1219, raconte René Grousset dans le conquérant du monde, il manda auprès de lui un alchimiste taoïste nommé K'ieou Tch'ang-tch'ouen, dont il espérait obtenir le breuvage d'immortalité . Ce sage était aussi un penseur et un poète de grande envergure .

Il connaissait le Tao .

Une voie qui peut être tracée n'est pas la Voie éternelle . Un nom qui peut être prononcé n'est pas le Nom éternel .
Sans nom, il est à l'origine du Ciel et de la Terre . Avec un nom, il engendre les mondes .
Il est le non-désir par essence, et le désir éternel qui par les limites produit la manifestation .
Ces deux états sont liés comme les torons d'une corde, et diffèrent de nom . Ils sont la pensée du mystère, le Mystère des mystères .
Il est la Porte de toutes les essences
.

K'ieou Tch'ang-tch'ouen enseignait la magie et l'alchimie . Il disait que le sage qui s'est uni au Tao - qui possède la force forte de toutes choses - qui par la méditation s'est identifié à lui, s'est associé à la force innomée qui meut les mondes . Il s'est uni à l'Univers .

« Que la foudre tombe des montagnes, que l'ouragan bouleverse l'océan, le sage ne s'inquiète pas . Il se fait porter par l'air et les nuées, il chevauche le Soleil et la Lune, il s'abat par delà l'espace .
»

A l'invitation du Roi - invitation partie d'Asie centrale en 1219 donc - le sage de soixante douze ans se met en route à partir de Pékin en 1221, sans obligation aucune . Il refuse de se joindre à une caravane amenant des courtisanes pour le Khan, et exige d'être escorté à part, ce qui lui est accordé, avec rang princier . Sa route durera plus d'une année dans l'immense Empire, pour rejoindre le Khan au delà de Samarcande au printemps de 1222 . Mais Gengis Khan était occupé à la guerre, et le Sage retourna à Samarcande . A l'automne, il purent se rejoindre à nouveau au pied de l'Hindou-Kouch . Le sage refusa de se prosterner devant l'Empereur et refusa aussi de manger avec lui, ce qui lui fut accordé sans réticences .

Gengis Khan lui dit : Les autres rois t'avaient invité à venir et tu avais refusé . Mais tu es venu jusqu'ici à ma demande et tu as parcouru dix mille li pour cela . Je te suis très reconnaissant . K'ieou Tch'ang-tch'ouen répondit : l'homme sauvage des montagnes est venu voir Votre Majesté . C'est la volonté du Ciel .

Possèdes-tu l'eau d'immortalité ? demanda le Khan . Il y a beaucoup de moyens de prolonger ses jours, répondit le sage, mais l'eau d'immortalité n'existe pas dans le monde du Temps, voué à la mort . Ce qui est né meurt ; ce qui est sans naissance ignore la mort . Tu règnes sur l'Empire de la Terre sous le Ciel, et tout n'y est que mouvement, rien n'y résiste à l'écrasement de la Roue . Le Tao, le centre vide de la Roue, est seul éternel .

Mais ce crâne et moi, nous savons qu'il n'est pas véritablement de vie, et pas véritablement de mort . »

La chronique note : L'Empereur le félicita pour sa sincérité et lui fit installer une tente à proximité de la sienne .

Les 21 et 25 octobre 1222, une tente fut dressée pour que Gengis Khan écoute K'ieou Tch'ang-tch'ouen . Un turc Kitaï traduisait .

Celui-ci lui enseigna le Tao .

Ô grand carré qui n'a pas d'angles,
Grand vase jamais achevé
Grande voix qui ne prononce pas de paroles
Grande apparence sans formes...

Comment savoir si le moi est ce que nous appelons le moi ? Jadis moi, je rêvais que j'étais un papillon, un papillon qui voltigeait, et je me sentais heureux . Je ne savais pas que j'étais moi . Soudain je m'éveillais, et je fus « moi » . Mais je ne sais plus si je suis moi rêvant que je suis un papillon, ou un papillon rêvant que je suis moi .

Le grand oiseau s'élève sur le vent jusqu'à une hauteur de quatre-vingt-dix-mille stades . Ce qu'il voit de là haut dans l'azur, sont-ce les troupes de chevaux lancés au galop ? Est-ce la matière originelle qui voltige en poussière d'atomes ? Sont-ce les souffles qui donnent naissance aux êtres ? Est-ce l'azur qui est la couleur du ciel lui-même, ou est-ce la couleur du lointain infini ?

L'Empereur fut grandement édifié et les paroles du sage charmèrent son cœur, raconte la chronique
. Il compris que son œuvre d'Empereur ne pouvait le protéger de la mort, et que vivre comme le loup et l'aigle était aussi dire oui à la mort . Pendant le séjour du sage, un ours risqua de le tuer lors d'une chasse . Au sage qui lui conseillait de renoncer à la chasse pour ne pas risquer la mort, il lui répondit qu'il ne le pouvait . Lors d'une discussion sur le plus grand plaisir de l'homme, Gengis Khan déclara : la plus grande jouissance de l'homme, c'est de vaincre ses ennemis, de les chasser devant soi, de ravir ce qu'ils possèdent, de voir les personnes qui leur sont chères le visage baigné de larmes, de prendre leurs chevaux, leurs femmes et leurs filles . Tel était Témudjin, l'homme de fer, et le serviteur de l'éternel Tängri, un homme d'une loyauté et d'une fidélité intransigeantes .

Telle est l'œuvre de l'Empire, une œuvre terrestre, cruelle, inscrite dans les cycles du temps . Si grande fut l'admiration et l'amitié de Gengis Khan pour le sage qu'il lui proposa de faire sortir les assistants et de parler longuement seul à seul, mais le sage refusa aussi cet immense honneur . Il dit :

Le sauvage des montagnes s'est consacré depuis de nombreuses années à la poursuite du Tao et à la vie de solitaire . Dans le camp de votre majesté, ce n'est que tumulte, et je ne peux me recueillir . Permettez moi de m'en retourner .

L'Empereur le lui accorda encore, avec une escorte et une charte exemptant d'impôts les temples taoïstes dans l'Empire . Telle fut l'entente entre le conquérant et le sage, l'oeuvre du Roi et du Sage selon le Yi–King . Plus tard, Témudjin fit inscrire une stèle d'inspiration taoïste en Afghanistan :

Le Ciel s'est lassé des sentiments d'arrogance et de luxe portés à l'extrême en Chine . Moi, je demeure dans la région sauvage du Nord, où les convoitises ne peuvent prendre naissance . Je reviens à la simplicité, je retourne à la pureté, je me conforme à la modération . Qu'il s'agisse des vêtements que je porte ou des repas que je prends, j'ai les mêmes que le peuple . Je regarde le peuple avec la même sollicitude qu'un enfant et les soldats comme mes frères . Présent à cent batailles, j'ai toujours mis mon corps en avant . En l'espace de sept années j'ai accompli une grande œuvre, et dans les six directions de l'espace tout est soumis à une seule loi .


***


Peut-tu comprendre que cette histoire parle de toi, des désirs de pureté et de puissance, des désir de vie et des désirs d'éternité qui dispersent ton âme ? Quelque part, le Sage s'est reconnu dans l'Empereur et l'Empereur dans le Sage, par l'effet du puissant désir du Ciel . Il n'y a que les hommes de la raison, qui croient ordonner le monde entre le jour et la nuit séparés, et non intimement Unis, qui se refuseront à comprendre cet amour et cette reconnaissance du poète et du Loup, de Tristan et Iseult et de l'ermite de Brocéliande . Que tu n'es froid ou bouillant ! Mais tu est tiède, et parce que tu es tiède, je te vomirais par ma bouche . Les puissances de l'âme s'enracinent dans la polarité, dans l'opposition, et la puissance du monde est d'ordonner la roue sur son axe, non d'en arrêter la course .

Il n'est de grande œuvre dans le monde des cercles sans l'alliance d'un Prince et d'un Poète . Telle est la racine des Empires .


***


Et tu penseras à l'inversion de l'enseignement donné . Toute histoire, toute ontologie que l'on offre à tes sens est une forme qui va modeler ton ego . Le Spectacle modèle l'ego spectaculaire de l'homme moyen du présent cycle . Vivre dans l'ontologie du Spectacle, c'est devenir insidieusement l'être qui ferme les canaux qui relie l'en-haut et l'en-bas, c'est l'oubli de l'ardent désir du Haut tant désiré . Le tumulte permanent du monde moderne est comme les lumières et le smog des des villes qui occultent le Ciel étoilé, comme le tumulte du camp de Gengis Khan pour le Sage . C'est perdre le sens du recueillement de la rosée qui s'épanche des canaux célestes . Et c'est très grave, car là est la fondation des mondes humains .

Toutes reçoivent puissance émanative, alimentation, subsistance, et vitalité de la part du Nom, béni soit-il . Celui qui connait cette voie connaîtra comment est grande la puissance de l'homme soit qu'il accomplit les (…) commandements, réparant ainsi les canaux en tout épanchant et recevant soit qu'il endommage les canaux et interrompt les influx . (…) (Le premier est appelé) le juste, et le juste est le fondement du monde .

Les récits que tu écoutes, comme le monde que l'on t'offre ne sont pas différent de ce que tu deviens, sont la forme de ton ego . Voilà l'essence de l'aliénation, de la perte spirituelle du monde présent . L'homme sage doit se protéger du Spectacle autant que des morts d'une mort intérieure, qui selon Héraclite, sont à écarter autant que du fumier .


***


Si le Yi-King a été consulté avant la visite du sage à Gengis Khan, il avait toujours déjà fourni la réponse de l'oracle .

RASSEMBLEMENT. Succès.
Le roi s'approche de son temple.
Il est avantageux de voir le grand homme.
Cela apporte le succès. La persévérance est avantageuse.
Présenter de belles offrandes opère la fortune.
Il est avantageux d'entreprendre quelque chose.
Le rassemblement des hommes dans des communautés d'une certaine importance est, ou bien naturel comme à l'intérieur de la famille, ou bien artificiel comme dans l'État. La perpétuation de ce rassemblement s'accomplit au moyen du culte des ancêtres à l'occasion duquel le clan tout entier se réunit. Par la piété unanime des vivants les ancêtres sont si bien intégrés dans la vie spirituelle de la communauté de leurs descendants que celle-ci ne peut se disperser ni se dissoudre. Là où les hommes doivent être rassemblés, la puissance du Ciel est nécessaire. Mais il faut aussi qu'un chef humain soit là comme centre du rassemblement. Pour pouvoir rassembler les autres, ce centre du rassemblement doit tout d'abord être rassemblé, recueilli en lui-même. C'est seulement par la force morale du recueillement que le monde peut s'unir. De telles grandes époques d'unification légueront aussi de grandes œuvres. C'est le sens du grand sacrifice qui est offert. Et dans le domaine profane aussi de grandes œuvres doivent être accomplies aux époques de rassemblement
.

Il n'est de grande œuvre dans le monde des cercles sans l'alliance d'un Prince et d'un Poète . Telle est la racine des Empires .

Vive la mort
!

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Nu

Nu
Zinaida Serebriakova